Tentative de meurtre à Angers : l’accusé et la victime campés sur leurs positions
Un homme de 22 ans comparaît jusqu’à jeudi soir 13 octobre 2022 devant la Cour d’assises de Maine-et-Loire. Il est accusé d’une tentative de meurtre commise en juillet 2019 dans le quartier de Belle-Beille, à Angers. La victime le désigne sans hésitation. L’accusé conteste fermement.
Ma position n’a pas changé. Je n’ai rien à voir avec cette histoire. Polo noir aux manches longues, barbe et cheveux bruns, Khalis reste campé sur ses positions. Accusé de tentative de meurtre, le jeune homme, 22 ans, comparaît mercredi 12 et jeudi 13 octobre 2022 devant la Cour d’assises de Maine-et-Loire. Dans le box, il l’assure : non, il n’est pas l’auteur des deux coups de couteau qui ont failli coûter la vie à Harry (1), dans la soirée du 25 juillet 2019, quartier Belle-Beille à Angers.
La première journée de débats a vu les témoins se succéder à la barre pendant près de 12 heures. Chacune des prises de parole a permis de brosser le portrait de l’accusé. Certains mots l’ont conforté dans sa posture d’innocent. D’autres l’ont enfoncé dans celle de coupable.
« Il n’est pas dans les embrouilles »
L’enquêteur de personnalité et la maman de Khalis ont décrit un garçon calme, poli, gentil, entretenant d’excellents rapports avec ses parents, ses six frères et sœurs. L’un de ses amis a assuré : Khalis, ce n’est pas une personne à problèmes. Il n’est pas dans les rixes, pas dans les embrouilles de quartiers.
Cette image lisse est pourtant écornée par quelques éléments factuels : une altercation avec un ancien employeur, une interpellation en possession d’un couteau, un contrôle de police alors qu’il se trouvait dans une voiture, équipé de gants et d’une cagoule et, depuis son placement en détention, deux incidents sérieux avec les surveillants.
Pour appuyer la version de l’accusé, celle de son innocence, deux de ses connaissances ont témoigné. Le premier lui fournit un alibi. Il assure qu’il se trouvait avec Khalis à l’heure des coups de couteau. Le second jure avoir vu un homme cagoulé fuir les lieux. Il le désigne comme l’agresseur et dit avec certitude qu’il ne s’agissait pas de Khalis.
Déclarations évolutives
Pour l’accusation et la partie civile, ces témoignages paraissent bancals, tombent à pic, arrivent bien après les faits. Comme le relève le président de la Cour d’assises, ces déclarations sont évolutives, aussi bien sur la manière dont les événements se seraient enchaînés que sur les lieux où ils se seraient produits.
Si l’accusé, Khalis, reste droit dans ses bottes, la victime, Harry, fait de même. Interrogé en fin de journée mercredi, il redit, comme depuis le premier jour, que l’accusé est bien son agresseur : Je l’ai vu. Il était face à moi. Je l’ai regardé dans les yeux.
Après une journée de débats, des incertitudes subsistent. Des éléments à charge et à décharge sont mis sur la table, parfois dans une sorte de fouillis. Des éléments mettent à mal l’innocence de Khalis, d’autres fragilisent la version de la victime.
L’un ou l’autre ment, ou se trompe
Dans un camp comme dans l’autre, on jure de dire la vérité. Mais dans un camp comme dans l’autre, on a refusé et on refuse toujours de donner les noms. Les noms de ceux qui ont été témoins de l’agression, et qui pourraient donc aider à la manifestation de la vérité. Les incertitudes subsistent, mais une chose est sûre : l’un des deux protagonistes, l’accusé ou la victime, se trompe. Ou ment.
Ce jeudi, nouveaux témoignages puis plaidoirie de l’avocat de la partie civile, Me Jean de Bary. L’avocat général, Christophe Valissant, prendra ensuite ses réquisitions. Pour terminer, la parole sera donnée à la défense, assurée par Me Nathalie Paillard-Goustour et Me Chloé Loison. Le verdict est attendu dans la soirée.
Le Courrier de l'Ouest - Cyprien MERCIER - Publié le 12/10/2022